De nouvelles rondeurs pour les Prés Maréchaux
Le tracé du Seyon a été corrigé sur une grande partie de son cours. A la hauteur d’Engollon, des enrochements et autres ouvrages de stabilisation ont été construits afin de fixer le lit de la rivière. Lors des crues, la force érosive ne peut ainsi plus se dissiper en érodant les berges dans les méandres. Elle se répercute alors sur le fond du lit, engendrant un enfoncement du cours d’eau dans le terrain. Outre les problèmes que ce phénomène cause sur la rivière en elle-même, cela engendre aussi un abaissement de la nappe des terrains environnants. Ainsi les Prés Maréchaux – maréchaux faisant référence aux marécages en vieux français – deviennent de plus en plus secs. Leurs caractéristiques marécageuses disparaissent progressivement et la flore qui y est liée régresse, notamment la rare fritillaire pintade.
L’une des mesures de compensation écologique prévues pour la route des Gorges du Seyon était un reméandrage du Seyon à la hauteur des Prés Maréchaux. La nouvelle route était terminée en l’an 2000 mais la mesure de compensation n’en est toujours qu’au stade de projet…
Grâce à l’impulsion d’un habitant d’Engollon, la phase d’étude a enfin démarré en 2012.
Un projet de renaturation du Seyon au lieu-dit les Prés Maréchaux est ainsi actuellement à l’étude. Le maître d’œuvre, à savoir le Bureau des ouvrages d’art et de l’économie des eaux du service des Ponts et Chaussées, a mis sur pied un groupe de travail pour l’encadrement du projet. L’APSSA participe à ce groupe de travail via un membre de son comité et a obtenu que la biodiversité locale soit pleinement considérée et que la zone d’étude inclue également le secteur entre le pont de Fenin et la confluence du Morguenet. Il semble en effet judicieux d’étudier les possibilités d’éliminer l’impact de la chute artificielle présente en aval de la confluence du Morguenet. Cette chute, initialement prise d’eau pour les moulins de la Borcarderie, a certes une valeur historique. Elle crée cependant une entrave aux déplacements de la faune aquatique que l’échelle à poissons mise en place ne saurait complètement pallier.
Les premières études sont assurées par un consortium de bureaux d’étude. L’APSSA suit ce dossier de près et s’emploie à en influencer le développement afin qu’il soit aussi favorable que possible à la santé écologique du Seyon et des Prés Maréchaux.
Bastien Amez-Droz
Sur l’image ci-dessus, on observe au premier plan les restes d’une fascine de saules construite dans les années 1990. Son rôle était de stopper l’érosion et ainsi fixer le lit du Seyon. Ces travaux ont pour effet que la rivière s’enfonce dans son lit à chaque crue, ne pouvant plus disperser son énergie latéralement. Il y a donc une incision du lit, ce qui est défavorable à l’écosystème dans son ensemble, y compris les terrains bordant la rivière. A l’arrière-plan, on aperçoit une chute et une passe à poissons.