Seyon
Quoi de neuf, docteur ?
Le Seyon souffre de maux aux origines diverses; les actions menées par l’APSSA sont autant de remèdes que nous tentons de lui prescrire.
L’état de santé du Seyon peut être résumé en trois points : une qualité des eaux médiocre combinée à un régime hydrologique perturbé et une morphologie éloignée de l’état naturel. Quelles sont donc les causes de ces trois symptômes ?
En réponse au développement de l’agriculture de la vallée, « grenier du canton », un vaste réseau de drainage a été conçu afin d’assécher les terrains humides pour les rendre cultivables. Ainsi, la rivière reçoit les eaux drainées par ces collecteurs, dès les premières minutes après leur remplissage. Ces eaux, ainsi que celles qui ruissellent sur les terrains agricoles, sont généralement chargées en particules organiques et minérales. A la fin du XXe siècle, le diagnostic des eaux du Seyon est inquiétant : les valeurs de différents polluants d’origine agricole tels que l’ammonium, les nitrites et le phosphore sont largement au-dessus des objectifs de qualité. A cette pollution s’ajoute celle des stations d’épuration. Vétustes et de taille limitée, les STEP rejettent dans la rivière des eaux encore chargées de polluants qu’elles sont censées retenir.
En 2001, la nouvelle STEP du Haut Val-de-Ruz voit le jour. Pourtant, les déversoirs d’orage continuent de fonctionner lorsque la pluie fait rage et que la STEP n’arrive plus à absorber le flot des eaux de pluie mélangées aux eaux usées. Une partie de ce mélange déborde alors dans le Seyon, avec en prime, quelques serviettes hygiéniques, tampons, cotons-tiges, emballages de médicament et autres produits jetés négligemment dans les toilettes. Puisqu’un malheur n’arrive jamais seul, ces différentes pollutions sont d’autant plus graves que la rivière souffre chroniquement d’un débit insuffisant.
Superposé à celui de la Serrière, le bassin versant du Seyon récolte les eaux superficielles du Val-de-Ruz dont le sol présente une faible perméabilité. Son débit étant dépendant des conditions météorologiques, la rivière présente un régime torrentiel. Pendant les périodes de crue, après un gros orage par exemple, le débit de la rivière peut s’élever jusqu’à 38 m3/s. Au contraire, lors des périodes d’étiage, en été généralement, il arrive que le débit soit inférieur à 0.20m3/s. Le peu d’eau restant est alors composé pour moitié des rejets de STEP; autant dire que la survie de la faune et de la flore aquatiques est entièrement dépendante du bon fonctionnement des stations. Mais la responsabilité n’est pas à rejeter uniquement sur les précipitations, ou plutôt sur leur absence ; une partie de l’eau de la rivière (100’000 à 200’000 m3/an) est ponctionnée directement à la source afin de garantir l’approvisionnement en eau des villages de Villiers et Dombresson.
En maints endroits, le Seyon a vu son cours être modifié: seuils, berges artificielles, canalisation, autant d’aménagements qui empêchent la rivière de suivre son chemin naturel. Les méandres font place à un tracé rectiligne. En période de crue, la pression de l’eau s’exerce de manière verticale et incise le lit de la rivière. Le niveau de ce dernier baisse et entraîne l’assèchement des dernières zones humides alentours.
Et l’APSSA dans tout ça ? Quelles sont ses prescriptions ?
Depuis 1998, au début de chaque printemps, l’association organise le traditionnel nettoyage du Seyon. Tantôt réservée aux classes, tantôt ouverte au public, cette action ne vise pas uniquement à récolter les immondices présentes dans le lit de la rivière et ses affluents; elle a aussi pour but de sensibiliser la population à la problématique. En 2011, en collaboration avec le service de l’énergie et de l’environnement, une campagne d’information a d’ailleurs été mise sur pied dans le but de réduire les articles d’hygiène présents dans les égouts grâce à un changement de comportement. > Plus sur le nettoyage du Seyon.
La végétation des berges présente de nombreux bénéfices pour les cours d’eau. Au-delà du milieu de vie ainsi offert à la petite faune, elle baisse la température de l’eau et forme une barrière de protection contre les apports agricoles. Lorsqu’elle ne plante pas de haies le long du Seyon, l’APSSA veille donc à ce que les berges soient entretenues de sorte que la végétation puisse exercer pleinement son rôle écologique en adsorbant des polluants ou en stabilisant le sol avec ses racines par exemple.
L’APSSA effectue aussi un travail de surveillance. Les points de rejets d’eaux usées qui aboutissent directement dans les cours d’eau sont répertoriés et signalés aux autorités compétentes.
Initié par la Fario, le projet de revitalisation des Prés Maréchaux, dernière survivante des zones humides bordant le Seyon, est soutenu par le comité. Ce dernier a un représentant dans le groupe de travail mis sur pied par l’Etat pour accompagner la réalisation de ce projet (voir article à ce sujet).
Le Seyon n’est peut-être plus le moribond du siècle dernier, mais l’APSSA se doit de rester à son chevet tant que la rivière n’aura pas retrouvé une meilleure qualité d’eau, un régime hydrologique suffisant et une morphologie proche de l’état naturel.
Un dossier pédagogique sur le Seyon est à disposition sur demande via le formulaire de contact. Ce dossier a été élaboré afin de permettre aux enseignants qui participent au nettoyage du Seyon avec leur classe de préparer l’action. Il convient particulièrement au cycle 2, mais différentes pistes d’activités sont également proposées pour les plus jeunes et les plus âgés.